Au volant de sa Volvo, Haley augmenta le volume de la radio qui passait une nouvelle chanson de Linkin Park, un de ses groupes préférés. La route allait être longue jusqu’à Lincoln, Nebraska où des phénomènes étranges semblaient avoir lieu. En lisant un journal national ce matin là, la brunette découvrit qu’une série de disparition inexpliquée avait sévi dans la capitale. Ca pouvait être anodin, mais comme elle n’avait rien de mieux à faire pour le moment, elle décida de se rendre dans cet état assez paumé il fallait le dire. Enfin, la musique entrainante la motivait et lui faisait oublier les kilomètres qu’elle devait encore effectuer. A l’arrêt devant un feu rouge, la jeune femme en profita pour chercher ses lunettes de soleil dans son sac à main et un bonbon pour avoir quelque chose à mâchouiller. Le mois de mai avait quelque chose de paisible et énergique en même temps. Le soleil commençait à ramener de la chaleur et les jours s’allongeaient de plus en plus. L’été était la saison préféré d’Haley, bien qu’elle ne l’avait plus passé au bord de l’eau depuis un baille. Son travail ne lui prenait pas tout son temps, mais il fallait bien qu’elle gagne de l’argent à côté pour survivre. Aux dernières nouvelles, le métier de chasseur n’était pas rémunéré, alors celui de chasseur de démons encore moins ! Et puis qui paierait ? L’état ? Surement pas, les fédéraux étaient les premiers à vous prendre pour un fou si vous insinuiez que le surnaturel existait. Enfin, Hales ne voyait pas comment ce détail pouvait un jour changer, avouer que des êtres maléfiques comme angéliques peuplaient la terre reviendrait à faire ressortir la paranoïa des gens les plus sensibles. Les suicides risqueraient d’augmenter tout comme les mouvements migratoires déjà très présents. Comme si habiter dans un état plutôt qu’un autre pouvait vous protéger. Mais bon, le comportement humain ne changerait pas de sitôt.

Haley ouvrit légèrement sa fenêtre pour respirer l’air frais. La clim n’avait jamais été son fort, elle ne lui apportait que des problèmes que ce soit rougeur ou maladie. Et puis il ne faisait pas suffisamment chaud dehors pour qu’elle risque un rhume au printemps. Il n’y avait rien de plus désagréable. Hales n’était pas une chochotte, elle avait vu dans sa vie plus qu’elle ne l’aurait jamais cru mais les choses « normales » comme celle-là pouvaient être évitées autant que possible non ? Le trafic n’était pas trop perturbé en ce samedi après-midi. Les routes que la jeune femme empruntait alternaient entre des nationales et des petites routes de campagne. De temps en temps, elle dut s’arrêter pour observer sa carte du pays afin de se situer et trouver son chemin. C’était son lot quotidien depuis trois ans maintenant. Elle avait mis un an à se former après la mort de ses parents. Le temps d’apprendre tout ce qui avait à savoir sur les démons et autres créatures surnaturelles, trouver les armes nécessaires pour les détruire, ainsi que les fonds pour qu’elle puisse mener à bien sa mission. Rien n’avait été laissé au hasard, il ne valait mieux pas d’ailleurs. Jouer avec la mort était dangereux et donc pas fait pour tout le monde. Hales semblait destinée à courir après les méchants depuis l’enfance, si ses parents n’avaient pas été tués par un démon il y a quatre ans elle aurait fini flic, pas chasseuse de monstres. Pourtant elle ne regrettait rien, car elle savait qu’elle avait les capacités pour changer les choses. Vu son petit palmarès, elle s’élançait vers une belle carrière.

Au beau milieu de l’après-midi, alors qu’Haley roulait sur une petite voie, sa voiture commença à faire un bruit étrange. Quelques instants plus tard, elle cala et il était totalement impossible de la faire redémarrer. Tapant sur son volant, la jeune femme jura plusieurs fois, montrant sa colère naissante. Elle était sans doute au milieu de nulle part, vu les arbres qui l’entouraient. Une immense forêt ne l’aiderait pas à réparer sa Volvo qui avait bénéficié d’un contrôle technique il y a peu. Hales nota qu’elle devrait recontacter ses mécaniciens sans scrupule qui n’avaient pas détecter le moindre problème. Otant les clés du contact, elle détacha sa ceinture avant de sortir pour aller ouvrir le capot. De la fumée en jaillit à peine entrouvert. Se cachant les yeux pour ne pas s’en prendre plein la figure, Haley rumina encore une fois. Jetant un œil à droite et à gauche de la route, elle ne repéra rien à l’horizon qui puisse l’aider. Quand à son portable, il marquait simplement un manque de réseau. Super quoi ! Le sang froid avait totalement déserté la brunette qui hésitait entre balancer son portable dans les arbres ou le ranger dans son sac pour ne plus le voir. La deuxième option était sans doute plus sensée, mais l’envie de lancer quelque chose ne manquait pas. Déglutissant péniblement, Hales se demanda en quoi la situation pourrait être pire. D’un coup, le tonnerre se fit entendre et la pluie commença à tomber. *MER… Veilleux*

Les gros mots n’étaient pas son genre lorsqu’elle n’était pas en face d’un démon, mais là elle pouvait franchement se poser des questions. L’eau dégoulinait déjà sur ses cheveux et son manteau. Il ne servirait à rien qu’elle aille se mettre à l’abris maintenant, elle était déjà trempée. Elle préféra ouvrir son coffre pour chercher un parapluie. Bien entendu il n’y en avait pas. Pourtant, elle était certaine d’en avoir acheter un dernièrement. Avait-il atterri quelque part par mégarde ? Sans doute. Bref elle ne savait pas où aller, comment ne pas mourir de froid ou qui cherchait pour l’aider. C’était la première fois qu’elle passait par ce coin du Missouri. Et ce serait sans doute la dernière également. Prenant un de ses flingues dans son coffre, elle le rangea à l’arrière de son jean, là où il serait soigneusement caché des regards indiscret. Elle cacha le reste de son atiraille sous sa couverture et ses bagages puis referma le coffre et les portières à clé. Le mieux à faire était de marcher jusqu’à trouver de l’aide. En espérant qu’elle ne tombe pas sur un taré, elle avait déjà eu son lot de malchance pour les vingt ans à venir. La pluie avait eu la bonne idée de se calmer, néanmoins les vêtements de la jeune femme étaient bon pour un lavage intensif au prochain motel. Comme le reste de son corps d’ailleurs. Elle ignorait depuis combien de temps elle marchait, mais lorsqu’elle aperçut le panneau d’une bourgade elle fut soulagée de ne pas avoir abandonné plus tôt. Elle s’approcha et put lire « Ellington » sur l’écriteau. Elle n’en avait jamais entendu parler, mais c’était déjà mieux que rien non ?

Vive les pélicans !